samedi 13 octobre 2012


le trésor du colibri 27

le triage
en voyant la vidéo sur la manif "patates", me sont revenus pleins de souvenirs, même si çà fait 20 ans qu'on a arrêté.
je pensais faire un article allant de la plantation au départ vers le port, mais il y en avait trop, je me contenterai donc de vous faire entrer dans l'ambiance du triage.

le chant du trieur
au squivit, on ne faisait pas de patates, mais le voisin, si; on entendait donc le bruit du trieur chez nous.
mon père disait que celui ci chantait toute la journée:
" tor pen.. tor pen.. tor pen.. tor pen.." en début de journée, puis
" tor rer.. tor rer.. tor rer.. tor rer.. " lorsque les corps commençaient à fatiguer, et enfin
" ruz rer.. ruz rer.. ruz rer.. ruz rer.. " en fin de journée.
traduction: "casse tête... casse tête......... casse cul... casse cul........ traîne cul... traîne cul".

relax..
vendredi 30 novembre 1987...
contrôleur: " armand... un bateau arrive la semaine prochaine; tu tries tout; elles partiront samedi."
super...on est soulagé, une fois que tout est parti; donc, samedi 1er décembre, armand cherche son équipe, pour trier du lundi au vendredi.
un jour, dans la semaine, sur la table de triage, germaine à sa voisine: " mais qu'est-ce qu'elle fait, jacqueline, à rester toute la journée à la maison ?"... sous-entendu que j'aurais dû être dans le hangar à trier.
oh là ! presque rien... juste traire les vaches au pot, matin et soir... puis s'occuper d'un petit garçon de 19 mois... puis faire à manger à 15 personnes midi et goûter... donc faire quelques courses pour servir du frais... et la vaisselle qui va avec... et un peu de ménage, faut bien...
... ah, j'oubliais l'essentiel! yannick allait montrer le petit bout de son nez, le mardi de la semaine suivante.

une équipe de choc
il fallait deux personnes pour mettre dans le trieur; et comme on sait au dernier moment, on n'est pas assuré de trouver toujours les mêmes... pourvu qu'il y ait le nombre.
françois landuré venait déjà depuis plusieurs années; cheminot à la retraite, on l'avait connu grâce à hervé; mais, il fallait un autre pour mettre dans le trieur... et ce fût mon oncle jean-baptiste.
ils étaient tous deux de landerneau, mais ne se connaissaient pas.
quelques jours à travailler ensemble, ils se sont rendu compte à quel point ils étaient syncro... une fourchée chacun... jamais il ne se gênaient... un plaisir pour ceux qui étaient sur la table, comme les patates arrivaient régulièrement.
pendant des années, ils étaient demandés partout à mettre dans le trieur, tellement ils faisaient une équipe parfaite.
ils avaient à l'époque, un peu moins de 70 ans... approchent aujourd'hui des 90... il y a un truc, l'horloge a dû tomber en panne chez eux... une forme olympique, je les vois aujourd'hui comme ils étaient il y a 20 ans.

le contrôleur
instinctivement, tout le monde le redoutait; il nous regardait trier, vérifiait quelques sacs et disait si c'était bon, ou si il fallait retrier.
mais on savait bien que ce n'est pas lui qu'il fallait craindre... quelques sacs étaient recontrôlés au port, et pour un oui ou un nom, parfois juste un problème d'étiquette pouvait faire revenir le camion à décharger et retrier.
j'ai même vu un retour pour "rouille intérieure prononcée"; et on fait quoi de çà; c'est à l'intérieur de la patate, on ne peut pas voir.
ce qui est triste est que plus les cours sont bas, plus les patates doivent ressembler à des œufs... et donc, plus on doit en jeter.

avis de grand froid
- 8°C à plounéventer, ce n'est pas souvent, ma foi... mais, cette année là, si... et juste on venait de trier; toutes les patates dans les sacs attendant de partir.
sauf que les patates gèlent à - 4°C; donc armand avait barricadé le hangar, couvert ses tas de sacs bien rangés, pour que le froid ne les atteigne pas.
idée lumineuse!!!! prit des bouteilles de jus de fruit vides; mit de l'eau dedans...
... tant qu'il n'y a pas de pellicule de glace, c'est bon...
... sauf que le plastique des bouteilles de jus de fruit est traité pour résister au gel...
... mauvaise idée!!!

1990... la guerre du golf a anéanti le marché de la patate de sélection en france... et oui, l’Irak était un bon client; ils faisaient 2 récoltes par an, mais leurs patates ne pouvaient pas murir pour replanter... ils devaient donc racheter chaque année; ils payaient bien, jamais de manières, toujours content.
la france leur a peut-être un peu fait la guerre... par la suite, ils sont donc allé chercher ailleurs, leurs plants.

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