mardi 20 août 2013

le trésor du colibri 44

hervé
hervé et denise, citadins à la vie exemplaire en tous sens, ayant troqué le beurre demi-sel pour de la margarine n'ont pas vécu vieux... alors, finalement, vive le beurre demi-sel.... plus d'un lichou en dirait tout autant.

jeunes mariés
 au tout début de son mariage, hervé travaillant à landivisiau vivait à comana chez ses beaux-parents; c'est rarement facile de vivre dans la belle famille, de trouver sa place, se faire aux habitudes de la maisonnée, se sentir comme "la" pièce rapportée... hervé le vivait durement, sa belle-mère étant peu indulgeante.
un jour, à table, alors qu'il n'avait pas fini de manger, elle lui prend son assiette;
H: " mais!!! je n'ai pas fini! "
BM: " ici, tu apprendras à manger vite"
un jour, alors que s'en fût trop depuis longtemps, hervé dit à denise: " tu fais ce que tu veux, mais j'ai trouvé du travail à landerneau, et une maison, je pars ".

la vie à landerneau
ainsi, ce fût le début d'une belle et longue vie pour hervé et denise, lui devenu chef de gare, elle couturière; ils ont construit une jolie maison de ville, "2, rue du cimetière", que hervé s'amusait à dire qu'il habitait "caveau n°2" et participaient activement à la vie sociale, elle donnant des cours de danse, lui adjoint au maire à la sécurité, célébrait même des mariages.
ils ont eu 3 enfants dont il parlait fièrement, mais peut-être une plus que les autres, sylvie, la cadette, rentrée à la sncf à 17 ans, dont il me narrait les promotions successives chaque fois qu'elle montait en grade.

lanveur
même avec une vie citadine semblant bien remplie, les enfants grandissant, hervé travaillait en horaire décalé, tous les jours débutant à 5h du matin, assis toute la journée... et sentait un besoin d'exercice, de campagne... et c'est ainsi, qu'il acheta quelques hectares à lanveur à défricher... extra! le bonheur à 10km de la maison; lorsqu'elle n'avait pas école, sylvie venait l'aider, conduire le tracteur... çà aussi, a aidé à les rendre plus proches.
à la fin des années 70, le mari de joceline, la fille ainée, avait perdu son travail... et hervé mit son terrain à disposition dans le projet d'un poulailler; le temps de faire les démarches et construire le poulailler, le gendre avait retrouvé du travail, et joceline ne voulait pas quitter carhaix où ils habitaient... alors, le poulailler est resté sur le dos de hervé, celui étant cautionneur et le terrain lui appartenant à la base .

perfectionniste
hervé était totalement dans l'apparence aux autres...
toujours bien habillé, il pouvait avoir des chaussettes trouées, comme celles ci ne se voyaient pas;
toujours aimable, il pouvait te jouer des mauvais tours par intérêt;
toujours prêt à rendre service, je l'ai vu se proposer d'aider à rentrer les taureaux alors qu'il en avait terriblement peur:
... l'apparente perfection qu'il voulait montrer, était factice... il était heureusement une personne ordinaire
... et c'est "tant mieux".

la guerre
un jour, un jeune de 17 ans sonne a ma porte; il cherchait des renseignements sur des camps américains, dans les bois de lanveur, pendant la seconde guerre mondiale  ;
n'étant pas d'ici, je ne pouvais lui répondre... quand hervé vint à passer; on lui en parle... lui, non plus ne savait pas, mais...
... mais , il se souvint de ses 20 ans, de la résistance... et raconta;
fier de raconter, le jeune garçon passionné buvant ses paroles, le bonheur s'emparait de tout son être.

la guerre à lanveur
toute mon enfance, j'ai connu la guerre au squivit avec jeanne... arrivée à lanveur, s'était de même entre hervé et jean-claude, son voisin d'en face.
si il y avait une chose à reprocher à hervé, s'était certainement celle là;
nous, on s'arrangeait bien avec jean-claude qu'il critiquait à longueur de temps... et il nous le reprochait; " vous lui donnez le couteau pour nous tuer".
jamais compris ce qui animait cette haine... on faisait le médiateur entre eux.
puis, hervé ayant arrête le poulailler, l'a vendu à marie-michèle et claude... leur a fait la mauvaise pub pour jean-claude... mais, les nouveaux voisins d'abords distants se sont finalement bien entendus.


hervé avait gardé le jardin et le hangar, et venait quotidiennement à lanveur... mais, il commençait à dérailler, à oublier.... alzeimer... un jour, il a pris la voie express en sens inverse... on ne l'a plus vu souvent à lanveur... et en 1.5 ans il nous a quitté.
denise avait eu quelques années plus tôt un cancer, à priori guérie, elle s'était beaucoup fatiguée à s’occuper de hervé malade... et ne lui a survécu que quelques mois.


mercredi 12 juin 2013

le trésor du colibri 43

station expérimentale
La nature, animale ou végétale, est tellement complexe qu'il reste une multitude de choses à découvrir...Lorsqu'on ne vit pas dans un milieu, on se base sur ce qu'on voit et qu'on entend et sur sa logique, pour tirer des déductions... pouvant être totalement fausses.
C'est pourquoi, en agriculture, il y a des stations expérimentales, permettant de faire des essais, des recherches, des mesures sur les préoccupations du moment...Ceci dit, chacun peut-être expérimentateur chez lui au quotidien.

la paille
Pendant des années, j'ai lu comme recommandation, 5kg de paille/jour/vache sur les aires paillées. Même si on sait que çà dépend de plein de paramètres, c'est un bon repère, ma foi.
Puis un jour, c'est passé à 6kg, puis 8 kg, puis 10kg....oh! oh! oh! ceux qui écrivent çà, çà se voit que ce n'est pas eux qui payent la paille!!!!
Je ne fus probablement pas la seule  étonnée, car une étude fût demandée à la station de trévarez sur le sujet. Comme l'argument était la santé des vaches, ils ont analysé les germes dans le fumier, selon la quantité de paille apportée... et ils se sont rendu compte, que plus on met une épaisse couche de paille, plus le fumier chauffe, et augmente la prolifération de germes patogènes.
Conclusion de l'étude, il faut mettre souvent mais en fines couches.

les bougies poreuses
La bretagne, région d'élevage, a longtemps été... et encore... montrée du doigt pour les problèmes de nitrate.En fait, en bretagne, les eaux sont en surface, il y a donc très rapidement pollution... mais, également, très rapidement résolution d'un problème pouvant survenir.
De ce fait, il fût normal que ce soit la bretagne qui fit les études.
Donc à trévarez, avec l'aide de bougies poreuses, ils ont mesuré les fuites d'azote sous prairies... 0UN, 50UN, 100UN et 150UN...et ils se sont rendu compte qu'il y avait plus de fuites d'azote à 0UN que à 50UN.
La raison est tout à fait compréhensible: Si on ne donne pas à manger à une plante, elle souffre et profite moins de l'azote naturellement minéralisé dans le sol.

les tas de fumier au champs
La fumière servant aux fumiers raclés, l'habitude est de mettre les fumiers d'aires paillées en tas au champ, en attendant de l'y étaler. Il s'agit d'un fumier sec contrairement au fumier raclé.
Puis çà a été interdit, un moment... puis, encore à trévarez, ils ont mesuré les fuites d'azote sous le tas, et autour du tas, à l"aide des bougies poreuses.
Conclusion: les fuites sont insignifiantes... donc, les tas on été autorisés de retour... mais que d'aire paillées, et de au moins deux mois.

études perso
Même si elle n'est pas agricole, j'ai une formation scientifique... donc, les études, les mesures, les essais, l'observation... enfin, tout çà, c'est mon kiff... AAAAAAA
à partir du moment où j'ai arrêté le contrôle laitier, j'ai tout de suite fait le contrôle par l'éleveur, et je notais, je cherchais ce que je voulais savoir... par exemple, j'avais entendu que les vaches avaient plus de MG (matière grasse) le soir que le matin... je choisissais une vache en milieu de lactation, pour laquelle il y avait un flacon à son nom et un flacon à un autre nom d'une vache qui n'existait pas... par exemple Didine et Dany.
Conclusion: plus de leucos de le main que le soir, même TP(taux protéitique) le matin que le soir et plus de MG le soir que le matin.

pâturage
à un moment donné, mon idée était de donner aux vaches la juste quantité d'herbe qu'elles pouvaient manger... à savoir que j'avance le fil à chaque repas... L'idée était donc que si tout est brouté, c'est qu'elle n'ont peut-être pas eu assez, donc j'augmentais d'un pas; et si ce n'était pas tout brouté, je diminuais d'un pas...
... Et c'est ainsi, que j'en suis arrivée à la conclusion qu'elles mangent double la journée de la nuit.
En fait, on peut dire qu'elles font 3 repas/ jour; pour 15kg de MS(matière sèche), elles font 2 repas de 5kg MS, un le matin et un le soir et un repas de grignotage dans la journée.


fièvre de lait
Là, ce n'est plus de l'expérimentation... les 1ères années, il y avait dans mon troupeau une de temps en temps, on va dire comme chez tout le monde.
C'est tout de même impressionnant, la vache qui ne se relève pas, et que si ce n'est pas pris à temps, elle peut mourir.
Donc, j'ai demandé au technicien du contrôle laitier... Réponse: " ce sont des choses qui arrivent, il y a des époques et certaines vaches sont plus sujettes".
Bref, je suis restée sur ma faim.
Puis, gitane, ma meilleure vache est morte d'une fièvre de lait survenue la nuit, donc pas prise à temps... j'ai posé la même question au véto... même réponse...
Je ne pouvais accepter, alors j'ai bouquiné jusqu'à avoir trouvé dans le livre de l'INRA...
Explication: " la fièvre de lait est une chute de calcium dans le sang lors de la montée de lait; naturellement, la vache mobilise le calcium dont elle a besoin, mais ses besoins doubles pendant les 2 jours suivant le vêlage, et si elle a eu trop de calcium dans la ration juste avant le vêlage, elle ne peut mobiliser suffisamment... d'où la fièvre de lait.
La prévention n'est donc pas de donner du calcium avant le vêlage, mais au contraire de limiter à 60g par jour"
avec l'habitude, le calcul est simple... une fois qu'on sait que dans l'herbe c'est 6g, le foin 4.5g, le maïs 2g, le trèfle 10g., la vache à l'approche du vêlage mangeant environ 11kg MS.


Moi, je dis "MERCI" aux stations expérimentales nous aidant à faire chaque jour au mieux le métier qui nous passionne.

dimanche 9 juin 2013

le trésor du colibri 42

à toute volée... génération démission
Si la génération précédente subissait le catholicisme "missionnaire"  (appelons un chat.. un chat), elle émancipait subtilement la génération à venir... sans volonté de choquer, juste le retour à une liberté de faire et de dire qu'on leur avait parfois enlevé.

la télé
La télé était vecteur de communication; chez nous, elle est arrivée en 1967; toute mon enfance, j'ai vu des films montrant les dérives sectaires de certains couvents.
à l'école à l'abbaye de daoulas, je n'ai jamais vu ce genre de choses; les religieuses semblaient heureuse d'y être... mais ce n'était pas le cas partout... entre ceux où les sœurs faisaient vœux de pauvreté, mettant les familles dans une grande précarité, ceux où elles travaillaient sans salaire, sans couverture sociale, et que le jour où elles étaient malades on les laissait mourir, ou les renvoyait dans leur famille.
Certaines familles, pour répondre à je ne sais quel "honneur" tenaient à avoir un fils curé, une fille sœur, une célibataire qui s'occuperait de ses parents vieillissants, les autres ayant droit de se marier; ainsi, yvette était amenée de force au couvent... elle a bu un verre d'eau de javel... malade... retour maison.

le caté
Pour le caté, les enfants des 2 écoles était réunis le mercredi matin... superbe idée;
Mon groupe était avec Mme le bris; je ne sais pas comment étaient constitué les groupes, mais la chose bizarre était qu'il y avait uunnnn garçon parmi une dizaine de filles... pauvre jean-luc... enfin, on ne l'a pas maltraité (lol)
C'était ma seule activité extra-scolaire avec mes copines, donc j'aimais bien, et on faisait toujours des jolies choses; la seule chose qui m'était difficile, était le dernier quart d'heure où Mme le bris nous faisait réciter le résumé de la leçon précédente... et avec ma mémoire de colibri, c'était un calvaire, or on ne pouvait partir avant d'avoir récité "par cœur"... Je me demande bien qui a inventé cet horrible mot!!!!!!!!!!!!

l'abbé merdy
L'abbé falc'hun avait fait ses 12 ans... nommé dans la paroisse d'à côté, son large sourire et sa forte poignée de main dans les bagages, il fût remplacé par l'abbé merdy, beaucoup moins expansif, beaucoup plus conservateur.
Je ne sais plus si je vous ai raconté l'épisode de "l'oiseau derrière le fourneau" alors qu'il rendait visite à ses paroissiens pour faire connaissance ... mais, ce jour là, il m'avait déjà paru sur une autre planète, d'un autre siècle.
Le jour où nous sommes partis le voir pour la préparation de mariage, il m'a fait remarquer que la famille léon était la seule dans le secteur, où personne n'allait à la messe le dimanche.

dans le même registre
Après avoir connu pendant 12 ans, une communauté religieuse radieuse, on peu dire moderne, l'abbé merdy nous montrait la face grise de la religion, celle que ma mère m'avait raconté de son enfance, celle qu'on aurait pu croire révolue par l'émancipation de la population.
Peut-être fût-il un cas unique ou tout au moins minoritaire; à mon mariage, je quittais daoulas pour plounéventer... puis naissance de nicolas, puis yannick, dont j'ai demandé le baptême alors qu'ils avaient 16 mois ... rencontre, donc, avec l'abbé roudaut.
... et là... réflexion de Mr le curé: " c'est tard, 16 mois; un enfant, çà se baptise à la naissance"... " est-ce que vous priez devant vos enfants ?"... " vous savez, même un enfant de 2.5 ans est sensible à ces choses là; moi, ce dont je me souviens de mes parents, c'est de les voir faire 4km à pieds tous les dimanches matins, par tous les temps, pour aller à la messe".
Nos 2 abbés étaient donc de la même école, n'aimant pas notre génération démissionnaire des bancs de l'église.


Je ne suis pas totalement "contre" la religion; c'est une liberté de vie, de pensée de chacun, encore faut-il que celle ci respecte la liberté des autres.
Une phrase m'a toujours choqué: " croyez vous en dieu le père, tout puissant, créateur du ciel et de la terre ?"... à laquelle ont doit absolument répondre: " oui, je crois"...
perso, je dis :" NON..."
Quidam: " ah! tu n'as pas la foi; çà aide, la foi, dans les moments difficiles"
J: "oh que si, j'ai la foi... j'ai la foi en mes vaches qui ont donné du pain à manger à mes enfants tous les jours"



jeudi 25 avril 2013

le trésor du colibri 41

à toute volée... les anciens
Dimanche matin, pendant que j'avançais le fil à mes vaches, j'entends les cloches de st-servais sonner à toute volée.
Mon réflexe: " tiens, il y a un baptême..."
Puis après quelques instants de réflexion; " à 9h30!!! ... suis-je bête... la honte soit sur moi!!! (lol)... c'est le 1er appel à la messe"
Même si je suis catholique noooooooonnnn pratiquante, la religion a forcément un peu fait partie de ma vie, au même titre que ceux de ma génération.

mamie...
Le peu que mamie pratiquait, c'était juste pour faire comme tout le monde... juste le minimum "nécessaire"; elle n'avait pas une vision positive de la religion, comme elle avait grandi à une époque où le curé imposait  sa loi.
Son plus mauvais souvenir étant le foin; si le foin était bon, pour avoir le droit de le faire le dimanche, il fallait demander l'autorisation au curé... et bien entendu, il ne donnait qu'une fois que le foin était "pourri".

lien social
La bretagne est un pays celte, et à par définition dur à évangéliser... et pourtant, subsistent de nombreuses marques, comme les croix au bord des routes, les pardons... mais pour la génération qui nous concerne, elle faisait plus office de lien social et de tradition, que de dévotion.
Enleviez-vous le coup après la messe... et l'église fût vide; en quelque sorte, c'était "la" sortie du dimanche.

mickey
Le chien du squivit, de lorsque j'étais toute petite, était un petit chien blanc à poils longs avec un œil noir  et une oreille noire.
Un jour, sans qu'elle ne s'en rende compte, il avait suivi mamie jusqu'à l'église... et rentré dans l'église.
Une dame le fait sortir... mais en vain; chaque fois que la porte s'ouvrait, il entrait de retour... la dame se met en colère...
M: "mais non!!!laisse le; comme il reste sage au fond de l'église".

fils de plouc
Un jour, j'écoutais jean rohou, à la radio; il venait de publier son livre "fils de plouc".
JR: " à l'heure d'aller au collège, normalement, j'aurais du aller au kreisker, à st-pol de léon... mais comme mes parents, agriculteurs, n'étaient pas riches, j’irais plutôt au collège public de morlaix
arrrivé aux oreilles de Mr le curé, celui-ci est venu voir mes parents, leur disant qu'il amenaient leur fils à l'école du diable; si ils faisaient çà, ils seraient excommuniés.
et le pire est que mes parents l'ont cru... mais, financièrement, il n'y avait pas le choix... donc, je suis allé à morlaix.
les collèges publics étant très mal considérés à l'époque, on nous a fait travailler double... pour assurer d’excellents résultats."
Notre ami jean rohou a tout de même fini "prof de faculté"... donc, pas mal du tout, d'avoir été au collège public.

les rameaux
Tant qu'on allait au catéchisme, mamie allait "régulièrement" à la messe... enfin, beaucoup moins l'hiver;
mais par la suite, il n'y a qu'un dimanche, qu'elle n'aurait pas voulu louper; ce n'était ni noël, ni pâques ou autre fête bien trop majestueuse pour elle... non non, c'était le dimanche des rameaux; plus qu'une fête religieuse, c'était pour elle le retour du printemps, des beaux jours; lorsqu'il faisait beau la cérémonie se passait dehors...des fleurs, du soleil, tout mamie.

régime
hervé s'est plus d'une fois amusé à raconter le temps où il était curè à brest;
H: " lorsqu'on est curé, surtout en ville, on est connu par plus de monde, qu'on ne connait sois-même;
un jour, alors que je me rendais à mon travail, soit le presbytère, en passant par la rue st-marc, je me suis arrêté devant une de ces vitrines, vous voyez...
regardant dans la vitrine, je vois sur le trottoir d'en face, un couple qui me regarde, la dame donnant un coup de coude à son mari;
la rue étant calme, je tends l'oreille... D:" t'as vu ce qu'il regarde, Mr le curé".
je traverse la rue pour saluer mes paroissiens, et dis à la dame: " ce n'est pas parce que je suis au régime... que je n'ai pas le droit de consulter le menu" "
 

samedi 23 mars 2013

le trésor du colibri 40

les vaches du squivit
Je dis de papy qu'il fût  "cochonier dans l'âme"; c'est vrai... mais il y a eu des vaches au squivit, laitières jusqu'en 1972, allaitantes jusqu'en 1982.

arrêter de traire
Je me rappelle de voir le laitier passer, prendre les pots pleins... et laisser autant de pots vides à la place;
La machine à traire avait été installée par olivier, dont c'était le métier avant qu'il ne rentre à la gendarmerie... les 8 vaches de l'étable étaient donc traites à la machine, et les 5 de la crèche aux génisses étaient traites à la main;" il y aurait eu moyen de faire passer un tuyau sous terre, pour tout traire à la machine!" me dit armand... peut-être n'ont-ils pas pensé, peut-être autre chose...
Toujours est-il que avec l'âge, les problèmes de santé de mamie, çà devenait difficile... commencé par ne plus traire les 5 à la main... et papy voulait développer ses porcheries... et le lait était dans la tourmente... et il y eu l'opportunité d'avoir des primes de reconversion "laitières/allaitantes"...
... alors, c'est décidé... on arrête de traire.
Même si finalement, on n'a pas eu la prime, comme il n'y avait pas 10 vaches.
Mamy n'avait certainement pas à rougir d'avoir arrêté le lait... comme dit le proverbe: "qui veut voyager loin doit ménager sa monture"...
... mais, c'était à l'époque où il faisait bien d'avoir de l'ambition, de se montrer courageux et d'aller de l'avant; alors, bien qu'elle savait faire les bons choix, mamy s'épaulait d'exemples pour se donner "bonne conscience".
je me rappelle de l'entendre raconter d'amis cochoniers à papy, la dame dit à son mari chasseur: " tu choisis entre "les vaches et les cochons", "les vaches et la chasse" ou "les cochons et la chasse"; la pauvre, elle avit tout à faire lorsque son homme partait à la chasse.

gitane
 Si je n'ai jamais trait les vaches au squivit, j'allais les chercher au champ...les vaches et les génisses étaient dans le même champ, mais les génisses savaient qu'elles devaient y rester... et ne venaient donc que les vaches.
Gitane fût la dernière vache traite; ma mère l'avait gardée pour le lait pour la maison; elle faisait du beurre avec l’excédent au moment où il y avait beaucoup de lait...et moi... qui était au collège à ce moment là... le soir en rentrant, je posais mon cartable, mettais mes bottes... et allais chercher gitane au champ...
cheuuuuuuk...cheuk...cheuk..cheuk..........cheuk..cheuk........cheukic...cheukic... et gitane sortait du bois, telle un cheval au galop... j'avais ouvert la barrière et n'avais plus qu'à l'attendre... stoppée net la gitane quelques mètres après la barrière pour manger quelques bouchées d'herbe; ben oui!!! elle est forcément meilleures que celle du champ!!!
Je n'avais pas besoin de mettre de ficelle nulle part; elle allait directement à la maison, sachant que de la farine l'attendait... lichouuuuse, va
Une fois gitane rentrée, j'allais goûter; là, ce sont diane, milou et mimiss, mes toutous qui m'attendaient pour me réclamer un morceau de "pain-beurre"... lichoux, va; puis, j'allais faire mes devoirs.
Finalement traire une vache, c'est beaucoup de travail pour peu de chose, on n'a donc pas gardé gitane longtemps; on allait chercher le lait chez la voisine... puis, les grandes sœurs ont eu le permis, et on prenait en faisant les courses.

vaches allaitantes
Papy et mamie étaient donc passé aux vaches allaitantes... plus simple; papy achetait chaque année un taureau limousin, on va dire de 15 mois... celui-ci saillissait les vaches, et grandissait, donc prenait de la valeur... gardé que 5 mois, l'opération était bonne.
Vers la toussaint, c'était opération corrida pour rentrer tout ce petit monde: le taureau, les vaches et les veaux nés au printemps. les veaux étaient vendus comme broutard.
Courant décembre, on ressortait les vaches; la haut elles trouvaient la lande pour s'abriter et étaient nourries sous le fil de clôture.
Novembre 1981... alors qu'on venait justement de rentrer ces charmantes bestioles... papy sentit dans la nuit, comme une barre... il ne se sentait vraiment pas bien.
Mamy a appelé le médecin, qui a appelé l'ambulance, pour l'amener d'urgence à l'hôpital morvan... papy faisait un infarctus.
Il s'est remis tranquillement, lentement mais sûrement, mais décida de vendre à bon terme la totalité de ses bovins.

théo le borgne
théo était maire de landerneau, conseiller général, et à ce moment là vétérinaire en fin de carrière.
papy ne l'aimait pas de trop, en tant que véto, car il était hautin, et autres choses... mais aurait toujours voté pour lui, comme il était RPR.... théo avait diminué son travail de véto, mais se réservait la tournée des prises de sang... c'était un bon moyen de faire campagne.
Revenons à nos moutons... donc papy était à l'hôpital pour un infarctus... théo passe pour les prises de sang...
étaient présents, mamie, moi et gilbert ( vous savez!!! le postier qui venait en vacances dans la vieille maison);
théo s'approche des 2 premières;
gilbert: " attention, ces deux là sont nerveuses"
théo le regarde avec dédain, l'air de dire: " ce n'est pas un parisien qui va m'apprendre mon métier!"
il va entre les 2 vaches... et plaf, plam, plof... jeté, piétiné...
je ne sais plus si il s'en ai sorti seul où si on l'a aidé... mais il avait maaalll
une fois tiré d'affaire, ma mère lui a proposé d'appeler le médecin... non non, il appellerait sa femme.
puis, en attendant sa femme, ma mère lui a proposé de s'allonger sur un lit... non non, il est allé s'assoir dans sa 4L.
on a su, plus tard, qu'en rentrant, ils se sont arrêtés, à daoulas, chez le Dr guével, soit le 1er médecin sur leur route.

Quelque temps plus tard, ma mère a téléphoné pour prendre des nouvelles; " çà va!" lui a t-il répondu... toujours est-il que un an plus tard, théo mourait.
La question étant: théo est-il venu chercher sa mort au squivit ? peut-être, peut-être pas... depuis ce jour, çà n'a jamais quitté notre esprit.




dimanche 17 février 2013


le trésor du colibri 39

la vieille renommée
les pommes de terre boulangères... oh là là!!! quel plat exquis que voilà; et jamais je n'en ai mangé comme à la vieille renommée... fondantes en dessous, croustillantes en dessus.
j'y avais fait comme femme de ménage, la saison touristique, lorsque j'avais 17 ans et venais d'avoir mon bac.


le jour de congé
le matin on guettait la sortie des pensionnaires, pour faire les chambres, et l'aprés-midi, on travaillait à la lingerie;
à la lingerie, le premier jour, quelqu'une me demande,
Q : " tu prends quel jour de congé ?"
J : "... si je pouvais avoir le dimanche, ce serait bien"
Q : " oh là... on n'a jamais vu personne avoir le dimanche... mais tu peux demander!!!"
une autre se propose de venir avec moi demander à la patronne; je voyais bien leur manège... elles se préparaient à une bonne partie de rigolade.

nous voilà parties demander, et...
P : " pas de problème; il n'y a pas plus de travail le dimanche que les autres jours"

lorsque je suis revenue à la lingerie, j'ai entendue: " à peine arrivée, elle se fait bien voir par la patronne... comme sa sœur danielle".
je m'étais visiblement pas faite que des copines!!!!!


Mme le bris
elle, elle était... en fait, il y avait 2 clans, Mme le bris, marie, la lingère et moi... et les autres, qui s'occupaient de l'autre étage.
Mme le bris avait 68 ans, et faisait chaque année la saison, pour améliorer sa retraite; enfin oui, et pas tout exactement...
en fait, elle habitait une maison sur la grève, depuis son mariage, donc presque 50 ans.
elle en était jusquà peu locataire, et son propriétaire avait préféré la lui vendre pour 10 000F que de refaire le toit; l'argent qu'elle gagnait à la vieille renommée lui servait donc à faire les travaux petit à petit.
un soir, elle nous a invité, marie, la lingère et moi à manger des crêpes chez elle... pour sûr, que c'était un véritable petit coin de paradis qu'elle habitait depuis 50 ans.
elle avait deux garçons, militaires tous deux, qui l'aidaient à améliorer le confort de son "penty".


ambiance western
un matin, je retrouve le personnel tout excité au petit déjeuner; j'avais rien vu, rien entendu, et pourtant...
l’hôtesse d’accueil avait fini sa journée, la patronne prenait le relai; précipitamment, des gendarmes mobiles entrent dans l'hôtel ... demandent si elle avait vu l'individu de la photo...
P : "non!!!"
G : " c'est la seule entrée ou sortie de l'hôtel?"
P : "non, il y a une de l'autre côté"
regardé dans le bar, dans la salle à manger, ils investissent la cuisine, puis la lingerie... et en sortant ... trouvent le plongeur qui venait juste de finir sa journée de travail...
... plaqué au sol, menotté, envoyé passer la nuit à la gendarmerie toute proche....

la patronne est partie le chercher le lendemain matin; en fait, les gendarmes poursuivaient depuis bordeaux, un individu dangereux, et avaient entendu dire qu'il était entré dans un hôtel restaurant au faou... probablement, celui juste à côté.


les pourboires
donc 2 étages, 2 équipes; lorsque les clients laissaient des pourboires, on les mettait dans un cendrier, dans le local des draps au bout du couloir... pour les mettre en commun et se les partager entre les deux équipes à la fin du mois;
sur le coup on n'était pas très honnêtes... iiii... en fait, on se partageait direct les gros pourboires, et mettait les petits dans le cendrier...
... oh!!! pas de chance!!! nos clients ont été beaucoup moins généreux que ceux de l'étage au dessus!!!
(... pas bien.)


bien secoué ?
la cousine de la patronne, qui était étudiante à "sciences po", était venue avec une copine et sa correspondante anglaise travailler au mois d'août; elle étaient serveuses.
sur les tables, il y avait une nappe, puis un napperon par personne... les napperons étant changés entre chaque client puis amenés à la lingerie;
la lingère L à la petite anglaise A,
L : " c'est bien secoué ?" pensant aux miettes qui auraient pu venir avec;
voyant que A ne comprenait pas, elle redit en faisant les gestes;
A : " oh!!! oui..." puis elle agite un peu... des fourchettes en tombent.


il y en aurait encore plein d'autres comme çà, tellement c'était un chouette été... mais l'année suivante mon père m'a dit: " reste à la maison, on a besoin de toi";
çà ne faisait financièrement pas trop mon affaire, comme je redoublais ma 1ère année de fac... mais mamie a payé ma chambre en citéU, et je me suis débrouillé avec ce que j'avais;
l'année encore après, il faisait un infarctus, donc la fatigue devait déjà se faire sentir.

lundi 11 février 2013


le trésor du colibri 38

kérichen 3... le retour
10 ans après avoir eu mon bac, j'y suis retournée... pas comme élève, mais comme prof ; j'étais "maitre auxiliaire" et je remplaçais une prof d'électronique au lycée vauban pendant 2.5 mois.

l'arrivée
à ma grande surprise, je fus reçue par le proviseur adjoint qui était le "surveillant général" ( aujourd'hui CPE) de lorsque j'étais élève... la surprise fût sienne également lorsqu'il m'a reconnue. Il ne connaissait pas le programme, mais m'a envoyé dans le bâtiment où je devais travailler pour me faire rencontrer les enseignants pouvant me renseigner.
tout d'abords, celui qui avait l'autre classe de terminale... et qui m'a très gentiment tout expliqué... et m'a épaulé jusqu'à la fin.
ensuite Mr E, qui faisait alternativement la même matière avec la dame que je remplaçais, et lui répond: " ah mais, il n'y a pas de programme; on prend un article dans une revue spécialisée et on en fait le cours."
... " ...!!!!!??????...." euh! on n'est pas plus avancés.

Mr E
donc, pas très coopératif, Mr E, le 1er jour... ni le 2ième... ni le 3ième... ben, on va se débrouiller tout seul; et à force de lui tirer les vers du nez, je "supposais" savoir de quoi il en retournait.
1/2h avant de me présenter à mes BTS, il vient souriant vers moi..
Mr E: " tu leur as préparé quoi ?"
J: " les convertisseurs analogiques"
Mr E: "mais, tu ne dois pas faire çà; c'est au programme de 2ième année"
... et, il se dirige vers son sac, tirant une feuille
Mr E: "tu vois, çà c'est la 1ière année... et çà la 2iéme"

je lui ai arraché la feuille des mains!!!!
Mr E: " bon, ok! tu le fais comme tu l'as préparé... mais tu ne restes pas trop dessus, comme ils le feront l'an prochain"

la cantine
aujourd'hui, c'est un self... mais lorsque j'y suis retournée, c'était encore une cantine.
à peine rentrée, 1ière table, face à moi... qui que je vois.... picard chimie.... AAAAAAAAAAA..... bananes respectives; que du bonheur.
je me suis installé en face de lui... puis, je vois d'autres, qui me reconnaissent ou pas; au loin, un p'tit coucou souriant de Mr C prof d'anglais....
au fil de la discussion, bien entendu, mon parcours en fac, et il dit à ses voisins: " vous voyez qu'on peut faire des études en fac avec un bac F5!!!"
... ceci dit, à l'époque c'était sur les doigts d'une seule main; je ne sais pas, maintenant c'est peut-être différent.

Mr Volan
là!!!! là, c'est mon plus grand regret!!!!!!!!!
un jour, à la cantine, Mr picard me dit: " lorsqu'on a dit à volan que tu étais là, il nous a dit qu'il voulait te voir"
en fait, on ne travaillait pas dans le même bâtiment, et avions pas l'occasion de se croiser; nous n'avions pas la même salle des profs.
je ne suis vraiment pas pardonnable!!! j'aurais pu, j'aurais du me renseigner sur son emploi du temps pour aller le voir...
... et les 2.5 mois ont passé, et je ne suis pas allée.

anne-marie et françois
il n'y a pas que les profs que j'ai revu... il y a aussi anne-marie collègue de fac, et françois collègue d'ifremer, qui étaient tout deux jeunes profs, elle en formation, et lui nouvellement titulaire.
mais, que faisait anne-marie là!!!! 2ième de promo en fac, après 2 années d'IUT; elle aurait fait une incroyable ingénieur dans n'importe quelle entreprise, avec 2 fois le salaire... et 2 fois moins de misère.
françois, c'était autre chose; ingénieur chimiste, il ne trouvait pas de boulot... s'est reconverti dans l'électronique, en faisant un DUT... mais ne trouvait pas non plus de travail à cause de son diplôme de chimie.

les élèves
c'est pas tout de parler des profs... mais à la base, on est là pour les élèves.
les terminales étaient sérieux, studieux; normal, bac à la fin de l'année....
les BTS1, loin de tout soucis... était plutôt gamins de 12 ans; bon! on a géré avec

par contre, j'avais mis en place quelque chose qui les avait beaucoup surpris... mais qu'ils ont très vite adopté:
les terminales avaient 4 heures de cours de rang; c'est énorme, pour du cours... imaginez, un prof à écouter pendant 4 heures!!!
en plus de la récréation de 10h, j'avais institué une pose de 5 minutes à 9h et une autre à 11h... nickel... les élèves étaient attentifs jusqu'à midi.

dimanche 10 février 2013

le trésor du colibri 37

les plaisirs de mamie
" née le jour de la st valentin... baptisée le jour du mardi gras " se plaisait à dire mamie... elle ne pouvait donc pas être une personne triste; même si elle n'était pas socialement très expansive, elle avait construit chaque jour son bout de paradis.

les fleurs
tant qu'on était enfants, elle ne voulait pas de bouquet de fleurs à la maison; pas qu'elle ne les aimait pas, mais ce fût source supplémentaire de désordre et de ménage à faire.
une fois dans la maison neuve, et nous qui avions grandi, elle les acceptait sans problème, quelques plantes vertes venant également égayer la maison.
une grande pelouse autour de la maison, elle faisait chaque matin le tour de ses fleurs, essayait chaque saison des nouveautés glanées ici et là, rêvant de l'effet qu'elles produirait les mois et années à venir.

moka
un jour, une idée... il n'y avait plus de lait, elle mit du chocolat dans son café.... miam... prise de passion pour ce "breuvage".
j'en ai plus d'une fois parlé à mes enfants... donc ils savaient.
c'était tout juste quelques mois avant sa disparition, on était parti armand, yannick et moi, ramasser fil et piquets restés autour du champ vendu à frédéric; puis bu un jus avec papy et mamie...
mamie: " si tu veux du chocolat dans ton café... c'est bon!!!!"
yannick: " non non, ce n'est pas la peine"
mamie: " si si... "... et plaf dans le bol à yannick.
bon, yannick n'a rien dit, il a bu...

la couture
mamie aimait tricoter... mais encore plus, elle aimait coudre.
elle avait appris à l'école, et elle avait du talent; du talent pour les formes, le choix du tissu, pour faire de belles choses tout simplement.
un vêtement qui ne servait plus et n'était pas usé, elle le décousait, le lavait, le repassait, et le rangeait précieusement dans un carton... jusqu'à la prochaine utilisation.

cring patates
en pensant à elle, j'en ai fait ce midi;
cuisant des patates à l'eau, elle avait l’œil pour ne mettre juste l'eau nécessaire que les patates dorent au fond de la casserole...
... hum, cet odeur et ce goût de cring.

les feux de l'amour
du temps où çà passait encore à la télé, 3s des "feux de l'amour" me faisait tout simplement éteindre le téléviseur...
... et pourtant, il y en avait des millions de passionnés, dont mamie en faisait partie.
très vite après le déjeuner, elle allait au lit... et se relevait pour regarder son feuilleton préféré.

coupée du monde
elle a été des années paraissant triste... à tel point que betty ne l'avait jamais vu sourire...
J: " mais pourtant ce n'est pas une triste, je t'assure!!!"
aux repas de famille, elle ne prenait jamais la parole, comme si elle n'avait rien à dire, rien à raconter.
... puis, un jour après vives discussions avec papy parce que çà coûte quand même assez cher, elle mis un appareil auditif...
... et on a vu mamie sourire, et parler, se jouir de tout ce qui l'entourait... revivre quoi!!!!!!!