mardi 27 novembre 2012


le trésor du colibri 35

far de blé noir
le far de blé noir est au pays léonard, ce que le kouing aman est à douarnenez.
ma mère était de logonna... elle ne connaissait pas; la famille léon était venue de ploudaniel... pays du far en tous genre.
un jour ma mère voit une poêle sur le feu de cheminée et demande à marie-ange: " tiens, tu fais une omelette!!! je croyais que tu faisais du far!!!"
MA: " mais si... c'est du far à la poêle."
marie-ange, fine cuisinière... comme sont toutes les sœurs léon, ma foi... lui a donc appris "l'art" du far.

aujourd'hui, je parle du "far de blé noir", pour la simple raison que je ne le fais plus aujourd'hui comme ma mère me la appris; je me rappelle, petite fille d'une douzaine d'années, tourner, racler péniblement dans la chaleur de la cocotte, transvaser lourdement la pâte.... c'est pourtant si bon... alors j'ai fait évoluer la recette et la technique.

far de blé noir de mamie
- 250g de farine de blé noir
- 150g de sucre
- 2 œufs
- 1 litre de lait
- du beurre

beurrer un plat allant au four

dans la cocotte, mélanger farine, sucre et œufs;
y ajouter le lait froid et un peu de beurre
mettre sur feu vif... et remuer en raclant fond et côtés pour détacher ce qui est cuit... jusqu'à complète cuisson de la pâte.

verser dans le plat; parsemer de noisettes de beurre... et faites dorer sous le grill.


ma recette de far de blé noir
- 150g de farine blanche
- 150g de farine noire (à savoir qu'il est possible de faire la même avec de l'avoine)
- 150g de sucre
- 2 œufs
- 1 litre de lait
- du beurre

porter le lait à ébullition

pendant ce temps, mélangez les farines, le sucre et les œufs;
y ajouter le lait chaud... puis un bon morceau de beurre

mettre sur le feu, et mélanger en raclant le fond et les bords jusqu'à complète cuisson de la pâte
à couvert, laisser 2mn sur le feu vif........ crrrriiiiinng

parsemez de noisettes de beurre... et mettre à dorer sous le grill


les différences entre ces 2 recettes
- la farine blanche qui apporte de la légèreté... et un goût auquel on est plus habitués.
- le lait chaud qui permet à la pâte de cuire beaucoup plus rapidement... donc plus facilement
- la pâte reste dans la cocotte... elle n'est pas transvasée.


jeudi 15 novembre 2012


le trésor du colibri 34

odorama
les souvenirs... ce ne sont pas seulement des gens, des images et des états d'âmes; on y pensent moins, et sont plus rapidement oubliés, ce sont les odeurs;
le trésor du colibri est pour moi, un travail de l'esprit, de la mémoire; ayant toujours eu des difficultés en la matière, elle est d'autant plus précieuse... et me souvenir des odeurs est un exercice d'autant plus subtil.

le café
certainement la plus ancienne; j'avais une dizaine d'années, et ma mère levée la première préparait le petit-déjeuner; il n'y avait pas de cafetière électrique; le café était passé à la louche... et embaumait d'autant plus la maison.
je me réveillais donc avec l'odeur du café.

jardinage
regroupées sous le même titre, des odeurs que j'affectionne tant...
l'herbe fraichement coupée; limite, je ne mets pas le bac de la tondeuse, pour en sentir l'odeur pendant 2 ou 3 jours.
la terre remuée des taupinières que j'utilise pour rempoter mes fleurs... merci les taupes.
Mme Meilland... c'est une rose pourpre que j'ai planté, il y a 25 ans devant la vieille maison; inutile d'y mettre le nez... à plusieurs mètres, elle embaume.


la ferme
 le maïs ensilé; on peut en détester l'odeur tenace, ou se dire: "un bon plat de miam miam pour mes princesses".
en allant chercher les vaches, ou en avançant le fil... bref, passant près d'un talus... le chèvrefeuille ... quelle senteur délicate!!!
boulette et zizou... ayant fait la sieste dans le ... foin.

le feu
si le feu de bois peut ravir les sensations de nombreuses personnes... perso, l'odeur du feu déclenche en moi, un réflexe d'anté-panique; je dois absolument savoir d'où çà vient, tellement j'ai peur de voir le feu chez moi... et pourtant, çà n'est jamais arrivé... mais je ne suis pas riche, et j'aimerais d'autant moins voir mes quelques biens partir en fumée.

la cuisine
en breton, on dit "lichou"... j'aime les lichouseries... mais, je ne suis pas cordon bleu; çà peut arriver chez moi, mais aussi en passant à pied près d'une maison, le summum étant en rentrant dans une boulangerie pâtisserie, une "somptueuse" odeur de nourriture, que ce soit un plat cuisiné, ou un produit d'excellente qualité réveille en moi, le raffinement des papilles.


l’hôpital
jamais, je n'avais senti cette odeur de produit "aseptisant" avec tant d'ampleur.
4 jours et 6 heures à l’hôpital; 4 jours et 6 heures de cauchemar... un personnel admirable, mais un lit où je ne pouvais me mettre sur le côté, d'où je risquais l'éventration chaque fois que je voulais en descendre ou y monter... mais, il y avait pire encore: l'odeur.
la chambre en était imprégnée; en quelques minutes, la nourriture et les couverts qu'on me donnait s'en imprégnaient... à en perdre l’appétit.
le jour de partir, mon repas de midi était prévu, mais mes affaires ramassées, sortie de la chambre, pour rien au monde je ne voulais y retourner.
à priori, je ne suis pas une personne difficile... j'ai même joué à la patiente modèle... dans l'unique but de rentrer le plus rapidement possible chez moi.

arrivée à lanveur... le paradis... plus cette odeur "pestidentielle"... vite dans la machine à laver, mes vêtements imprégnés...
la veille au soir, élisabeth avait eu la fameuse idée de faire 2 parts supplémentaires de salade de riz... woaw, quel régal.
au goûter, brioche tressée avec confiture de mûres maison... Woaw...
mon lit... retrouvé mon lit... pas de doute, j'étais au paradis.

dimanche 11 novembre 2012


le trésor du colibri 33

saadia
à l'instant, je regardais "chàbada" sur FR2; était invité enrico macias, avec des chanteurs connus ou pas, jeunes ou pas, partageant son dernier album...
lorsqu'il s'est mis à chanter avec khaled, le soleil qui s'échappait de leurs voix associées m'a rappelé les années fac avec saadia, la marocaine.
saadia, 6ième d'une famille de 7 enfants était la seule de la famille à être venue en france, poursuivre ses études après le bac.elle nous parlait de son enfance, de ses frères et sœurs et du soleil marocain qui rendait les enfants moins tristes qu'en france.

le verger du voisin
le voisin avait un verger d'orangers, et devait s'absenter quelques jours de chez lui; il savait la filouterie des gamins du quartier... enfin, euh... peut-être de plus loin aussi... qui venait lui piquer ses oranges.
ayant la plus grande confiance des plus proches, il leur demanda de surveiller, pendant son absence.
... "tu peux compter sur nous!".
ils se sont répartis, grimpés bien cachés dans les arbres, les poches pleines de cailloux... prêts à affronter les intrus; ceci dit, en passant, lichous eux mêmes, ils ne se sont pas gênés... iiiiiiiiiiiiii
et lorsque les "autres" sont arrivés: "à l'atttaaaaaaqquueeee!!!!"
et c'est tout fiers qu'il ont raconté (enfin, juste ce qu'il fallait) au retour du maître des lieux, leur vaillante prouesse.

la sieste
au maroc, normal, l'après-midi d'été, il fait chaud... donc, sieste obligatoire pour les enfants; au lit 13h30... réveil à 16h.
sauf que, ce qu'ils cachaient à la maman, c'est qu'à 13h50, il étaient debout de retour... faire les 400 coups... s'arrangeant pour être au lit de retour vers 15h 40.

les études au lycée
à l'époque, les jeunes marocains parlaient essentiellement l'arabe à la maison et dans les cours de récréation; le roi avait donc établi un partenariat avec la france, embauchant des enseignants français dans les lycées; quelque soit le cours, il était  enseigné dans la langue du professeur, ce qui permettait aux élèves de se familiariser en douceur avec la langue de molière.
pour saadia, l'arrivée en france fût tout de même difficile; alors qu'elle parlait bien le français, elle avait du mal à nous comprendre... enfin, on allait un peu vite.
au niveau de la fac, c'était prévu... une année d'adaptation à la langue pour tout étranger.

l'arrivée en france
arrivée à brest..." woaw, que c'est beau!"... du vert des pelouses, des fleurs qu'elle n'avait jamais vu, aux vitrines des magasins... saadia était émerveillée par tout ce qu'elle voyait...
... pas longtemps, ma foi... le gris des immeubles, les gens qui ne sourient pas, les portes de la cité U qui claquent et se verrouillent, les voitures qui accélèrent, la nuit venue, pour grimper la rue d'à côté....
c'est clair que brest... c'est pas casa blanca.
heureusement, saadia était miss pipelette... et s'est très vite faite des ami(e)s.

décalage horaire... à non! annuel
comme toutes les occasions sont bonnes... chaque année, en décembre, il était hors de question d'oublier l'anniversaire de saadia;
elle était plus âgée que nous, mais pas tant qu'elle le disait: née en 1958, pour compter son âge, elle disait: "58.59.60.61...." et disait donc toujours avoir un an plus que la réalité.

le ramadan
S: "si j'avais été chez moi, je l'aurais fait, comme le reste de la famille... mais, ici, non; en plus en période d'examen, pas question!!!"

habillée "class"
saadia était toujours bien habillée, bien coiffée, talons et tout, et tout... alors que nous, on était habillées en "tous les jours";
de temps en temps, on allait en ville, faire les magasins, acheter un joli vêtement... et elle ne comprenait pas qu'on ait les vêtements pour aller en cours, et les vêtements pour les sorties.
je sais qu'aujourd'hui, le principe peut également sembler étrange aux jeunes, mais c'était comme cela dans les années 80; surtout pour les "non citadins".

l'argent
perso, et comme mes collègues qui étaient en cité U, nous étions boursières; donc, même si nos familles n'étaient pas fortunées, on pouvait tranquillement faire des études supérieures.
saadia avait une petite bourse du maroc; ses parents lui payaient le trajet pour venir en france... mais n'avaient pas idée du prix des choses ici.
saadia était très juste, trop juste, venait rarement au RU, s'alimentait presqu'exclusivement de nouilles... et n"osait pas demander plus à ses parents.
elle avait tout de même la brillante ressource pour mener une vie la plus normale et souriante possible; elle savait qu'elle aurait toujours pu compter sur ses amies.

saadia a aujourd'hui 54 ans... je sais que si on venait à se retrouver, c'est des larmes pleins les yeux... qu'on se jetterait dans les bras.


vendredi 2 novembre 2012


l'ankou

l'ankou est dans la civilisation celte, le messager des morts... il n'est pas méchant, ne fait pas "vraiment" peur, mais parfois, vient avertir lorsque la mort est toute proche.
les personnes averties peuvent l'entrevoir, à la nuit tombée, dans un semblant de clair de lune alternativement caché par l'ombre d'un nuage ou d'un talus emboisé.
il a l'allure d'un squelette revêtu d'une large cape flottant au vent, et couvert d'un large chapeau, tenant une faux et guidant son cheval tout aussi squelettique, celui ci tirant une charrette en bois.
ne l’appelez pas, il ne répondra pas... son simple passage vous fait part d'un bien triste présage.

Fanch, le commis.
fanch était ouvrier agricole; c'était période de ramassage des patates, et pour le remercier de sa laborieuse journée, son patron lui avait dit d'emmener avec lui, un sac de patates à la maison, pour nourrir les siens.
heureux, il s'en va gaiment chez lui... il n'avait juste pas pensé, qu'à la fatigue de la journée, venait s'ajouter le poids du sac.
entendant le bruit d'une charrette, il observe autour de lui... et appelle:
F: " oh!!! s'il vous plait, on va dans la même direction; je peux mettre mon sac dans la charrette ?"
inconnu de l'ombre: pas de réponse...
F: "hey!!! s'il vous plait...."
et l'inconnu disparait... et fanch reprends, son courage à deux mains, pour aller avec sa lourde charge chez lui.

le lendemain il retourne au travail... et apprend la mort de son patron... et c'est là qu'il comprend que l'inconnu de la nuit était...................l'ankou.


jeune médecin
goulven était jeune médecin, tout juste sorti de l'école, prêt à s'installer dans "son" cabinet.
il avait trouvé à reprendre un cabinet dans les montagnes... vous savez, la région de sizun, ou quelque part à peu près là. déjà, la population n'était pas nombreuse... mais on allait chez le médecin que lorsqu'on était à l'article de la mort, alors chez un jeune qu'on ne connait pas!
tout médecin, ayant fait des grandes études, çà donne pas du pain à manger tous les jours. il n'avait pourtant pas envie de retourner chez ses parents; ce fût un aveu de faiblesse.
un soir se promenant sur le menez-hom, il rencontre l'ankou; notre jeune médecin, dans son extrême détresse fût sûrement le seul depuis toujours, avoir pu communiquer avec l'ankou.
après lui avoir raconté sa misère, l'ankou lui explique sa présence au sommet du menez-hom
A: " tu vois les bougies... chacune représente une personne vivante; lorsque celle-ci vacille, c'est que la personne est malade... lorsqu'elle s’éteint, c'est qu'il s’apprête à mourir"
à l'issue de cette conversation, goulven signa un pacte avec l'ankou... celui-ci le préviendrait de toute flamme qui vacillerait...
... ainsi, goulven arrivait au chevet des personnes... juste par le plus grand des hasards, une simple visite de bon voisinage... et, bien entendu leur fournissait la prescription magique qui les guérissait... iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

ainsi, au fil des mois et des années, il s'est forgé la confiance de la population.