mardi 20 août 2013

le trésor du colibri 44

hervé
hervé et denise, citadins à la vie exemplaire en tous sens, ayant troqué le beurre demi-sel pour de la margarine n'ont pas vécu vieux... alors, finalement, vive le beurre demi-sel.... plus d'un lichou en dirait tout autant.

jeunes mariés
 au tout début de son mariage, hervé travaillant à landivisiau vivait à comana chez ses beaux-parents; c'est rarement facile de vivre dans la belle famille, de trouver sa place, se faire aux habitudes de la maisonnée, se sentir comme "la" pièce rapportée... hervé le vivait durement, sa belle-mère étant peu indulgeante.
un jour, à table, alors qu'il n'avait pas fini de manger, elle lui prend son assiette;
H: " mais!!! je n'ai pas fini! "
BM: " ici, tu apprendras à manger vite"
un jour, alors que s'en fût trop depuis longtemps, hervé dit à denise: " tu fais ce que tu veux, mais j'ai trouvé du travail à landerneau, et une maison, je pars ".

la vie à landerneau
ainsi, ce fût le début d'une belle et longue vie pour hervé et denise, lui devenu chef de gare, elle couturière; ils ont construit une jolie maison de ville, "2, rue du cimetière", que hervé s'amusait à dire qu'il habitait "caveau n°2" et participaient activement à la vie sociale, elle donnant des cours de danse, lui adjoint au maire à la sécurité, célébrait même des mariages.
ils ont eu 3 enfants dont il parlait fièrement, mais peut-être une plus que les autres, sylvie, la cadette, rentrée à la sncf à 17 ans, dont il me narrait les promotions successives chaque fois qu'elle montait en grade.

lanveur
même avec une vie citadine semblant bien remplie, les enfants grandissant, hervé travaillait en horaire décalé, tous les jours débutant à 5h du matin, assis toute la journée... et sentait un besoin d'exercice, de campagne... et c'est ainsi, qu'il acheta quelques hectares à lanveur à défricher... extra! le bonheur à 10km de la maison; lorsqu'elle n'avait pas école, sylvie venait l'aider, conduire le tracteur... çà aussi, a aidé à les rendre plus proches.
à la fin des années 70, le mari de joceline, la fille ainée, avait perdu son travail... et hervé mit son terrain à disposition dans le projet d'un poulailler; le temps de faire les démarches et construire le poulailler, le gendre avait retrouvé du travail, et joceline ne voulait pas quitter carhaix où ils habitaient... alors, le poulailler est resté sur le dos de hervé, celui étant cautionneur et le terrain lui appartenant à la base .

perfectionniste
hervé était totalement dans l'apparence aux autres...
toujours bien habillé, il pouvait avoir des chaussettes trouées, comme celles ci ne se voyaient pas;
toujours aimable, il pouvait te jouer des mauvais tours par intérêt;
toujours prêt à rendre service, je l'ai vu se proposer d'aider à rentrer les taureaux alors qu'il en avait terriblement peur:
... l'apparente perfection qu'il voulait montrer, était factice... il était heureusement une personne ordinaire
... et c'est "tant mieux".

la guerre
un jour, un jeune de 17 ans sonne a ma porte; il cherchait des renseignements sur des camps américains, dans les bois de lanveur, pendant la seconde guerre mondiale  ;
n'étant pas d'ici, je ne pouvais lui répondre... quand hervé vint à passer; on lui en parle... lui, non plus ne savait pas, mais...
... mais , il se souvint de ses 20 ans, de la résistance... et raconta;
fier de raconter, le jeune garçon passionné buvant ses paroles, le bonheur s'emparait de tout son être.

la guerre à lanveur
toute mon enfance, j'ai connu la guerre au squivit avec jeanne... arrivée à lanveur, s'était de même entre hervé et jean-claude, son voisin d'en face.
si il y avait une chose à reprocher à hervé, s'était certainement celle là;
nous, on s'arrangeait bien avec jean-claude qu'il critiquait à longueur de temps... et il nous le reprochait; " vous lui donnez le couteau pour nous tuer".
jamais compris ce qui animait cette haine... on faisait le médiateur entre eux.
puis, hervé ayant arrête le poulailler, l'a vendu à marie-michèle et claude... leur a fait la mauvaise pub pour jean-claude... mais, les nouveaux voisins d'abords distants se sont finalement bien entendus.


hervé avait gardé le jardin et le hangar, et venait quotidiennement à lanveur... mais, il commençait à dérailler, à oublier.... alzeimer... un jour, il a pris la voie express en sens inverse... on ne l'a plus vu souvent à lanveur... et en 1.5 ans il nous a quitté.
denise avait eu quelques années plus tôt un cancer, à priori guérie, elle s'était beaucoup fatiguée à s’occuper de hervé malade... et ne lui a survécu que quelques mois.