samedi 23 mars 2013

le trésor du colibri 40

les vaches du squivit
Je dis de papy qu'il fût  "cochonier dans l'âme"; c'est vrai... mais il y a eu des vaches au squivit, laitières jusqu'en 1972, allaitantes jusqu'en 1982.

arrêter de traire
Je me rappelle de voir le laitier passer, prendre les pots pleins... et laisser autant de pots vides à la place;
La machine à traire avait été installée par olivier, dont c'était le métier avant qu'il ne rentre à la gendarmerie... les 8 vaches de l'étable étaient donc traites à la machine, et les 5 de la crèche aux génisses étaient traites à la main;" il y aurait eu moyen de faire passer un tuyau sous terre, pour tout traire à la machine!" me dit armand... peut-être n'ont-ils pas pensé, peut-être autre chose...
Toujours est-il que avec l'âge, les problèmes de santé de mamie, çà devenait difficile... commencé par ne plus traire les 5 à la main... et papy voulait développer ses porcheries... et le lait était dans la tourmente... et il y eu l'opportunité d'avoir des primes de reconversion "laitières/allaitantes"...
... alors, c'est décidé... on arrête de traire.
Même si finalement, on n'a pas eu la prime, comme il n'y avait pas 10 vaches.
Mamy n'avait certainement pas à rougir d'avoir arrêté le lait... comme dit le proverbe: "qui veut voyager loin doit ménager sa monture"...
... mais, c'était à l'époque où il faisait bien d'avoir de l'ambition, de se montrer courageux et d'aller de l'avant; alors, bien qu'elle savait faire les bons choix, mamy s'épaulait d'exemples pour se donner "bonne conscience".
je me rappelle de l'entendre raconter d'amis cochoniers à papy, la dame dit à son mari chasseur: " tu choisis entre "les vaches et les cochons", "les vaches et la chasse" ou "les cochons et la chasse"; la pauvre, elle avit tout à faire lorsque son homme partait à la chasse.

gitane
 Si je n'ai jamais trait les vaches au squivit, j'allais les chercher au champ...les vaches et les génisses étaient dans le même champ, mais les génisses savaient qu'elles devaient y rester... et ne venaient donc que les vaches.
Gitane fût la dernière vache traite; ma mère l'avait gardée pour le lait pour la maison; elle faisait du beurre avec l’excédent au moment où il y avait beaucoup de lait...et moi... qui était au collège à ce moment là... le soir en rentrant, je posais mon cartable, mettais mes bottes... et allais chercher gitane au champ...
cheuuuuuuk...cheuk...cheuk..cheuk..........cheuk..cheuk........cheukic...cheukic... et gitane sortait du bois, telle un cheval au galop... j'avais ouvert la barrière et n'avais plus qu'à l'attendre... stoppée net la gitane quelques mètres après la barrière pour manger quelques bouchées d'herbe; ben oui!!! elle est forcément meilleures que celle du champ!!!
Je n'avais pas besoin de mettre de ficelle nulle part; elle allait directement à la maison, sachant que de la farine l'attendait... lichouuuuse, va
Une fois gitane rentrée, j'allais goûter; là, ce sont diane, milou et mimiss, mes toutous qui m'attendaient pour me réclamer un morceau de "pain-beurre"... lichoux, va; puis, j'allais faire mes devoirs.
Finalement traire une vache, c'est beaucoup de travail pour peu de chose, on n'a donc pas gardé gitane longtemps; on allait chercher le lait chez la voisine... puis, les grandes sœurs ont eu le permis, et on prenait en faisant les courses.

vaches allaitantes
Papy et mamie étaient donc passé aux vaches allaitantes... plus simple; papy achetait chaque année un taureau limousin, on va dire de 15 mois... celui-ci saillissait les vaches, et grandissait, donc prenait de la valeur... gardé que 5 mois, l'opération était bonne.
Vers la toussaint, c'était opération corrida pour rentrer tout ce petit monde: le taureau, les vaches et les veaux nés au printemps. les veaux étaient vendus comme broutard.
Courant décembre, on ressortait les vaches; la haut elles trouvaient la lande pour s'abriter et étaient nourries sous le fil de clôture.
Novembre 1981... alors qu'on venait justement de rentrer ces charmantes bestioles... papy sentit dans la nuit, comme une barre... il ne se sentait vraiment pas bien.
Mamy a appelé le médecin, qui a appelé l'ambulance, pour l'amener d'urgence à l'hôpital morvan... papy faisait un infarctus.
Il s'est remis tranquillement, lentement mais sûrement, mais décida de vendre à bon terme la totalité de ses bovins.

théo le borgne
théo était maire de landerneau, conseiller général, et à ce moment là vétérinaire en fin de carrière.
papy ne l'aimait pas de trop, en tant que véto, car il était hautin, et autres choses... mais aurait toujours voté pour lui, comme il était RPR.... théo avait diminué son travail de véto, mais se réservait la tournée des prises de sang... c'était un bon moyen de faire campagne.
Revenons à nos moutons... donc papy était à l'hôpital pour un infarctus... théo passe pour les prises de sang...
étaient présents, mamie, moi et gilbert ( vous savez!!! le postier qui venait en vacances dans la vieille maison);
théo s'approche des 2 premières;
gilbert: " attention, ces deux là sont nerveuses"
théo le regarde avec dédain, l'air de dire: " ce n'est pas un parisien qui va m'apprendre mon métier!"
il va entre les 2 vaches... et plaf, plam, plof... jeté, piétiné...
je ne sais plus si il s'en ai sorti seul où si on l'a aidé... mais il avait maaalll
une fois tiré d'affaire, ma mère lui a proposé d'appeler le médecin... non non, il appellerait sa femme.
puis, en attendant sa femme, ma mère lui a proposé de s'allonger sur un lit... non non, il est allé s'assoir dans sa 4L.
on a su, plus tard, qu'en rentrant, ils se sont arrêtés, à daoulas, chez le Dr guével, soit le 1er médecin sur leur route.

Quelque temps plus tard, ma mère a téléphoné pour prendre des nouvelles; " çà va!" lui a t-il répondu... toujours est-il que un an plus tard, théo mourait.
La question étant: théo est-il venu chercher sa mort au squivit ? peut-être, peut-être pas... depuis ce jour, çà n'a jamais quitté notre esprit.