samedi 6 octobre 2012


le trésor du colibri 16

les journées de formation
la plupart des femmes d'agriculteur, avaitent à la base un autre métier; souvent la venue des enfants, avoir pris part aux travaux de la ferme pendant un congé parental, les amène à faire un choix à la fin de celui-ci... donc, pas de formation agricole initiale, elles apprennent "sur le tas" comme on dit.
comme dans les autres domaines, il existe en agriculture, un système de formation continue... l'occasion pour les femmes de comprendre, se mettre au gout du jour, donc mieux faire... mais aussi de ne pas rester isolée dans son travail; çà fait du bien de sortir de chez soi, et on apprend autant à discuter avec les autres qu'avec la formation elle même.

ange
rare prénom, ange était prof d'agronomie, passionné par "la plante", il connaissait toutes les mauvaises herbes, collectionnait des graines de tout ce qui pouvait pousser dans des petits pots pour bébé... et avait au centre de formation un carré de jardin, où il les semait, pour montrer à ses élèves que nous étions, les différences entre différentes céréales, selon comment la terre était travaillée, traitées où pas... ce que donnait les graines de maïs issu de récoltes perso, certaines ayant le caractère de la mère, d'autres celui du père, et donc expliquer les lois de l'hybridation.
son seul regret était que des céréales cultivées dans un mouchoir... sont toutes mangées avant maturité; on va dire, ce n'est pas trop grave, c'est pendant les vacances... enfin, tout de même.
nathalie, collègue de promo, n'avait pu assister au cours d'agronomie... un petit bout de chou venait de pointer le bout du nez; elle ne connaissait donc pas ange; chaque semaine, je lui envoyais les cours par la poste (ben oui, y'avait pas internet à l'époque; enfin, ni chez moi, ni chez elle) pour qu'elle puisse passer l'examen par la suite.
plutôt que de recopier mon cours, ma mémoire en ébullition,je lui écrivais tout ce que j'y avais vu, entendu... quasi de la "visioconférence", j'essayais de lui retranscrire la passion d'ange.
une fois revenue, nathalie me racontait comment elle et sa belle mère attendait avec impatience, chaque semaine, mon courrier, comment amusées elles imaginaient ange: "grand nounours écolo, barbe, cheveux long et pantalon treillis... avec une telle passion et un tel prénom".
et ben ,non... petit, gringalet rasé de prés; bref, qui ressemble à un peu tout le monde... déçue ?

dire... ou ne pas dire
lorsque j'étais à l'école, je pense avoir toujours été plutôt active oralement en classe; lorsque un prof de fac nous a dit "qu'il était là, pour qu'on sorte de la salle moins bêtes qu'on était entrés", çà m'a paru une évidence, lorsqu'il y a un doute, une interrogation, il faut dire, demander, l'ouvrir... déjà pour encourager les autres à le faire... et que le prof n'ai pas l'impression de parler aux murs.
monique était plutôt timide en ce sens; je lui avais expliqué mon point de vue; ok... mais elle n'osait pas;
... et un jour, elle a osé; fière et heureuse d'avoir réussi à le faire, d'avoir eu l'explication de ce qu'elle ne comprenait pas... sa joie n'a duré que quelques secondes, lorsqu'elle a entendu, venant de la table d'à côté: "elle ferait mieux de se taire, plutôt que de sortir des conneries".
monique: "... ??? !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

peter
peter était anglais, arrivé depuis peu avec ses parents d'angleterre, lui, le chauffeur routier de 26 ans, pensait s'installer comme agriculteur;
il nous racontait que la vie était plus facile en france; il avait travaillé 6 ans en angleterre, mais jamais assez longtemps dans la même entreprise pour être couvert socialement... et pourtant, il payait chaque fois qu'il travaillait; il n'avait donc pas le droit d'être malade; une maladie grave, une opération, il faut attendre de long mois pour être soigné, quand ce n'est déjà pas trop tard... et qu'on vous retire de la liste car plus prioritaire car trop malade.
les parents de peter avaient, ici, une petite ferme "comme au siècle dernier, au milieu de nulle part, avec biquettes, poules et autres animaux de basse-cour" se plaisait-il à raconter; lui, jeune agriculteur, voulait avoir un projet plus viable; il avait d'abords pensé à un troupeau de charolaises; crise de la viande bovine... puis, il était donc parti à des poulets bio... juste, mais çà passe.
sauf, que le jour de l'examen oral devant un jury de  banquier, comptable et agriculteur... il n'est pas venu; pourtant son projet était tout à fait défendable.
sinon, après réflexion, il y avait une autre possibilité avec moins d'investissements: une ferme pédagogique; il y avait déjà tout ce qu'il fallait avec ses parents... et les enfants seraient venus de loin voir le gentil peter... à l'accent qui n'est pas d'ergué-gabéric!!!!

et à la maison... pendant que maman n'est pas là
nicolas était à trévidy, élisabeth, 6 ans, et yannick, 9 ans, allaient à l'école primaire.
il y avait possibilité pour eux de rester à la cantine, ces jours là, mais armand n'avait jamais voulu; faut dire que ce n'est pas rigolo de manger seul, il préférait donc aller les chercher.
mais, au moment où je faisais la formation, élisabeth et yannick allaient en vélo à l'école, et rentraient le midi; une fois à la maison, ils sautaient dans les casseroles; j'avais affiché le menu sur le frigo et au besoin, un grand cahier vert se remplissait de recettes de base à leur portée...
une maman, pas peu fière de se deux petits bouts de choux de 6 et 9 ans; yannick était pressé de retourner à l'école pour jouer au foot avec ses copains... et élisabeth était déjà manageuse dans l'âme.
finalement, ils n'ont pas changé!!!

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